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Manuel d'introduction 1 français
Manuel - français
Manuel d’introduction au métier de peintre laqueur décorateur
Synopsis et contexte de l’œuvre de Manuel Diez Matilla
Refonte au dimanche 18 décembre 2022
Par Christian Diez Axnick
Partie 1
Sommaire
I . Introduction
a) Avant-propos.
b) Une profession qui disparaît.
c) Les signes d’une renaissance.
II . L’ébénisterie et la menuiserie, l’atelier.
a) l’apprêtage en menuiserie.
b) Le montage et démontage des meubles.
III . La préparation, les apprêts.
a) Le blanc d’Espagne ou de Meudon, ou violet.
b) La colle de peau de lapin
IV . Les panneaux
a) La préparation
b) Le ponçage des meubles, des tables et des panneaux
c) Le placage
V. La décoration.
a) La laque cellulosique.
b) Les patines
c) Le polyester
d) Le travail au pistolet compresseur.
VI. Les grecques, la gravure
VII. La dorure.
VIII. Les patines, les sur-tons.
IX. Les vernis, la finition.
X. Les réparations, les rebouchages.
XI. Conclusions
I. Introduction
a) avant-propos
S’il est une profession légendaire et mythique, qui n’a jamais eu son CAP jusqu’à ce jour, c’est celle de laqueur décorateur. Cette profession extraordinaire est à l’origine un métier de pauvre. Elle n’a pu soutenir le poids économique des multinationales, des chocs pétroliers ou des grands groupes monopolistiques du bois.
Mais ce métier aux racines profondes et nombreuses reste et demeure une légende, tant il oblige l’artiste à puiser au plus profond de ses ressources, de sa capacité de travail, de son savoir-faire, de son imagination et de sa débrouillardise.
C’est parce que ce métier associe plusieurs métiers à la fois et les juxtapose, parce qu’il accumule les difficultés, que le résultat est parfois au delà de l’imaginable.
Ne nous y trompons pas, c’est la mauvaise foi, la méchanceté, accouplée à l’ignorance et au mépris général qui ont fait de cette profession une sorte de profession fantôme. Ce n’est guère le contraire, et on peut l’affirmer sans aucune complaisance, sans pour autant s’abstraire ou se soustraire de milliards de questions fondamentales.
Tous les professionnels le savent, l’artisanat est menacé en permanence, et dans tous les domaines de l’initiative privée, tant la rapacité du monde politique est sans issue.
Comme partout ailleurs, il ne faut pas faire la confusion entre les peurs ancestrales, et ce que l’on peut très bien prendre au premier degré.
La caractéristique de cette profession, est de ne s’être jamais soustraite à tous les cultes. La vérité est qu’on l’a laissée sur le bord de la route. Ce n’est pas une énigme, mais la vérité. On pourrait s’évertuer à dire et répéter qu’il y a 12 apôtres comme 12 petits prophètes, et 4 grands prophètes. Mais pratiquement toutes les religions du monde l’ont deviné, le problème est celui du client réellement indésirable, celui qui veut de la scatologie, de la pornographie, celui qui ne sait pas ce qu’il veut.
Jésus-Christ sait qu’il n’est pas Jérémie, mais le problème ne se pose pas vraiment, Jérémie n’est pas non plus Jésus-Christ.
Il n’est pas question ici de mettre en doute tel ou tel ésotérisme, la question est plutôt à mettre sur le compte d’une clientèle de spéculateurs perfides et paumés qui souvent font perdre leur temps et leur argent aux professionnels que nous sommes, voulant tout et n’importe quoi.
Tous ces marchands, ces experts en marketing ajoutent surtout de la confusion. Jésus ne les a pas chassés du temple sans raison.
On ne peut pas recréer Louis XV, ni même Louis XVI, passionné de serrurerie et d’horlogerie en son temps, on ne peut pas non plus sortir de la profession et de son cadre général pour assouvir les besoins inconsidérés de tel ou telle.
Albert Einstein n’avait pas David Aouat dans sa poche, enfin pas au sens spirituel, c’est clair. Il n’a fait que rêver à un monde juif plus fraternel, meilleur.
J’ai eu pas mal de démêlés et de problèmes avec Aouat, comme Nina. Comme Berthe Mann, une très proche amie de ma mère, il est plutôt l’archétype même de l’intégriste juif, ex-membre du Bétar. Einstein était un juif allemand plus ouvert, au raisonnement moins fermé. Ne va-t-on pas quelque part avec l’EPR, sans doute aussi, réaliser un jour le rêve des alchimistes du moyen-âge, c'est-à-dire changer le plomb en or ?
En tous les cas, l’EPR est la seule alternative à ce que nos connaissances en physique puissent évoluer. Beaucoup d’évolutions sont imaginables.
S’ingérer dans les problèmes ou les controverses entre les hébreux reste tentant, mais le vrai christianisme garde son label, sa façade.
A vrai dire, le propre de l’artisanat, c’est de garder sa force d’expression, ses codes, sa subtilité, la force se perd comme toujours avec la vieillesse. Il ne faut pas rêver trop vite non plus.
Il est clair au sortir de la seconde guerre mondiale en 45 que le monde juif est morcelé et même le monde chrétien ou le monde arabo-musulman.
J’ai connu Katia Ackstein, de son nom adoptif, une des plus grandes philosophes talmudistes en Allemagne d’après guerre, qui a travaillé comme ethnologue 2 ans dans le sud irakien. Son père était un juif londonien, le seul rescapé avec elle. Toute sa famille a été décimée dans les camps. Lui était resté à Londres. C'était une femme prophétique, qui avait anticipé la guerre d'Irak et la chute de Saddam, une immense intellectuelle juive.
J’ai vécu 10 ans maritalement avec Dominique « Nina » Vende Zimmermann, dont le père a été champion de Paris du 20 000 m et dont le grand-père a été fusillé en 44 aux alentours du ghetto de Varsovie.
J’ai longtemps été aussi et encore jusqu’à aujourd’hui très ami avec Nicole Lévy, qui a été aussi l’amie de Jean-Pierre Bourrin, mort des suites de bombardements chimiques en Irak. On ne sait pas si c’est l’aviation irakienne ou américaine qui les a bombardés. Son frère a fait 5 ans de vietnam. A priori il pourrait s'agir aussi des tirs d'un sukhoï de fabrication soviétique utilisé par l'armée de l'air irakienne.
Mon père a fait un meuble superbe pour Georges et Bernard Lech, anciens footballeurs du stade de Reims et du matra racing. Les deux sont également d’origines polonaises. Le père était sur une chaise roulante, il a été le plus jeune sélectionné en équipe de France, son fils a continué à Reims et au matra racing. C’est lui et sa femme qui lui avaient commandé le meuble, enfin deux meubles il me semble.
C’était déjà un peu sur la fin de carrière de mon père. Tout à la fin de sa carrière, il a fait des tables avec des paysages floraux et aquatiques, des éclairages fabuleux, des meubles et des décors exceptionnels, il était vraiment au firmament de sa carrière, de son savoir et de sa technique. Mon père à ses débuts avait même fait la copie d’un paravent du musée Guimet avec un autre décorateur asiatique chez Midavaine. Un paravent superbe qu’avait commandé Luis Mariano.
Il faut bien dire que la Pologne est inséparable de Jean-Paul II, comme l’Allemagne l’est de Saint-Boniface et l’Algérie de Saint-Augustin, ou l’Espagne de Sainte Térèse d’Avila ( qui est passée par Toro d’ailleurs ).
Peu de grands artistes juifs ont réellement émaillé l’après guerre, notamment Marc Chagall et plus récemment, le chanteur de Toñas « El Pele » que j’ai connu sur le palier des escaliers de Andres Francisco Serrita avant qu’il ne devienne un des 2 ou 3 plus grands chanteurs de Toñas du monde. A l’époque, j’étais élève depuis pas mal de temps, et il était dans les 10 plus grands du monde pour se faire un ordre de grandeur.
Il y eut aussi Raymond Loewy, qui a travaillé dans le désign pour les emballages, pour la NASA, et avec qui j’ai quelques points communs. Simplement, nous n’avons pas évolué dans les mêmes domaines exactement. Moi après avoir commencé l’atelier à 8 ans et l’usine à 16, après avoir pratiquement aidé mon père pendant 25 ans, je me suis orienté vers un travail de projeteur, dans le bâtiment informatique au début, puis dans la mécanique, le ferroviaire, la plomberie, la climatisation et la CVC, et bien d’autres domaines encore, la tuyauterie pharma par exemple, ou plus récemment le génie civil. Aujourd’hui je travaille sur un grand projet urbain.
Le judaïsme a souffert d’un fort rejet culturel durant la guerre froide. Par contre,
La réaction est venue de grands intellectuels juifs. Je pense en particulier à Mme Bouissy, proche amie d’Edgard Faure et ancienne groupie d’Arafat, qui nous a quitté il n’y a pas si longtemps finalement, qui était aussi une des 2 meilleures historiennes de France, et avec qui j’ai tout de même travaillé 4 ans. Je pense au centre gauche traditionnel, même s’il ne faut pas se faire d’illusion, le socialisme dominant l’a toujours trahi une fois au pouvoir et en place.
Des gens comme Poincaré, comme plus récemment le président Poher, que mon père a aidé de son vivant lorsque ses gardes du corps l’avaient perdu au musée Cortot à Montmartre, sont des gens qui globalement m’ont donné l’impression de chercher à faire quelque chose pour aider ce que j’appellerai un judaïsme décomposé et un catholicisme exsangue, ou même d’autres cultes.
C’est Mme Bouissy qui nous avait emmenés lorsque nous étions enfants voir l’exposition sur Lucy au musée de l’homme, ou se trouvait mère Térésa lorsque je l’ai rencontrée pour la première fois. C’est elle aussi qui nous avait emmenés au musée des Arts et Traditions populaires.
A l’époque, ce musée n’était pas ce qu’il était aujourd’hui, et le domaine des explications dépassait de plusieurs milliards d’années lumière la matière, le matériau. Aujourd’hui la situation est moindre.
Si mon père était plutôt conservateur, le centre gauche s’est toujours démené en France, il a toujours eu une matrice, un vecteur général et collectif, ce qui n’a pas toujours été couronné de succès.
b) une profession qui disparaît.
Soyons sérieux sur le fait que la profession disparaisse. Elle ne disparaît pas seulement en raison de ce que les kabbalistes pourraient appeler de véritables prises d’otage à la franciscaine ( ne me prenez pas pour plus anti-franciscain que je ne suis, après tout le pape Jean-Paul II prit leur défense dans un de ses derniers livres « Levez-vous ! Allons ! » ), ou en raison du concept caciquiste de nos démocraties, mais aussi parce que le monde civilisé disparaît en même temps avec elle.
Nous sommes en réalité face à 2 mouvements composés et ensuivis dans le temps. Repli économique et perte d’un savoir faire vont de pair.
Du chrétien d’Anoual au juif du ghetto de Varsovie, au musulman de Grozny ou d’ailleurs, on le voit dans tous les conflits à travers le monde : l’homme est mauvais, il devient de plus en plus mauvais. La barbarie gagne du terrain plus qu’elle n’en perd.
Hors, notre métier est fragile. C'est une profession qui demande un dévouement artistique et pictural immense. Un métier dur sur le plan physique, qui demande un investissement personnel particulièrement important.
L’homme est tellement mauvais, qu’il ne peut plus légitimement aspirer à ce que tout soit fait pour son bien être. Et par conséquent, les artistes de haut vol, de grand calibre, ont le droit de poser leurs conditions et de refuser les simulacres.
Les plus petits artistes, dont je suis, peuvent même refuser purement et simplement de suivre le mouvement impulsé de force ça ou là. On ne rêve plus tellement de nos jours.
Le vrai métier disparaît, aussi à cause de toutes sortes de menus tyrans et caciques locaux qui vivent comme des parasites, sur le dos de la profession avec les forces de police, les huissiers, les détraqués sexuels de tout poil. Une profession ne disparaît généralement pas sans que des raisons particulières ne viennent émailler d’incidents graves à la fois son développement et surtout sa profondeur.
Par exemple, en France, le président Mitterrand a conspiré avec son premier ministre, un juif, Fabius ( de son vrai nom Fabuzzi ), pour qu’il signe des milliards en chèque à une entreprise comme Ikéa pour qu’elle continue à piller tranquillement le bois africain. Pendant ce temps, et bien les africains meurent réellement de faim, de froid, le gibier disparaît, l’écosystème disparaît. Les réalités souvent cruelles rattrapent toute initiative incontrôlée.
Les scandinaves prôneront leur révolution sexuelle évidemment sur les cadavres des africains. C’est bonjour Monsieur je suis pour vous. Certains ont toujours œuvré pour jeter de l’huile sur le feu, pour favoriser l’antisémitisme et s’assurer le pouvoir.
Bien sur, Nord se sert sur le dos de Sud. Il n’y a pas là de doute possible. Il y a aussi la volonté de terroriser, de faire peur.
Bien sur que l’Islam sera à terme la religion dite de domination, la thèse dominante, même si personne n’aime les thèses à reculons. Mais c’est la bonne thèse.
En réalité, aucune profession ne meurt si tout n’a pas été fait pour qu’elle disparaisse, sous le poids des lobbies économiques. Hors, tout a été fait pour que la notre disparaisse, à tous les niveaux et à toutes les échelles, y compris à l’échelle politique.
Rien n’est plus insupportable à des dirigeants en quête de pouvoir que des corps de métier bien portants qui font de l’ombre à leurs rêves de puissance et de la concurrence à toute vérité suprême, s’inscrivent en faux avec une conception économique de masse.
Il n’y a pas de redistribution massive des richesses sans pillage.
Une autre forme de pillage est le pillage intellectuel, qui sans mon témoignage serait attribuable à Garouste et Jeumont ( associés à l’époque du décors du logis ) sans les 20 ans de travail dévoué et acharné de mon père, sans l’énorme quantité de tables et de meubles qu’il a fait pour eux. C'était l'apothéose de sa carrière. Des centaines de tables et de meubles à la facture artistique exceptionnelle.
Gérard Garouste est aujourd’hui un peintre moderne reconnu, à qui des ministres et même le président de l’assemblée nationale rendent visite. Certes, ils défendent de louables causes, des associations pour que les enfants puissent partir en vacance, mais pourquoi n’ont-ils rien fait pour ce monstre sacré qu’était Manuel Diez Matilla ? Ne peut-on pas y voir aussi une totale inégalité de traitement ?
Je n’ai jamais trop cru que de grands modernes, de grands désigners pourraient émerger sans un tremplin, sans toute une base, tout un terreau, un soutien aux idées novatrices. D’ailleurs à la grande époque de Manuel Diez, Gérard Garouste n’était qu’un obscur petit artiste moderne en herbe, anonyme et insignifiant, même si mon père l’encourageait déjà et se gardait de tout commentaire prématuré.
Son désign d’une bouteille de pastis sortie sur le marché en 2006 m’a toutefois emballé, comme une des ses toiles exposée à Beaubourg, avec tout un traitement du rouge, qui est la couleur qui met le plus longtemps à sécher.
Je trouve en revanche qu’il manque l’équilibre que mon père savait apporter. Mon père aura en tout et pour tout travaillé une vingtaine d'années pour Le décors du Logis, et fabriqué des centaines de tables et de meubles pour eux.
Le pire exemple de confusion celle-ci économique que j’ai vue est l’exemple industriel, lorsque le pouvoir est concentré entre peu de mains.
Par exemple lorsque peu à peu les ébénistes, les charpentiers et les menuisiers du faubourg Saint-Antoine ont disparu, lorsque les ébénisteries et les ateliers ont fermé progressivement, que les Vernis Jacquelin sont partis à Bagnolet, déjà, le malaise industriel était général. Déjà, les laques cellulosiques craquelaient et craquaient si on ne leur ajoutait pas de vernis. Impossible de faire une première couche sans vernis.
Hors, en première couche, il ne faut bien sur surtout pas de vernis, il n’en faut qu’à la fin. Déjà, c’est toute la chaîne industrielle, notamment allemande, qui était sabotée dans son ensemble.
La chimie est le levier qui a permis de pratiquer la casse au profit des multinationales et des plus grosses entreprises, au mépris de la loi et de l’intérêt des artisans.
Il est clair qu’au sortir de la deuxième guerre mondiale aussi, le rideau de fer a séparé les concepts, affaibli les tendances, nivelé les oppositions de masse.
J’ai connu dans ma jeunesse une des trois dernières femmes du monde à avoir passé 5 ans à Auschwitz, et lors d’une discussion d’une demi-heure que nous avions eue dans le train, elle m’avait notamment parlé de ce que les plasticiens faisaient en Russie. Elle était de Géorgie je crois.
Elle était passé dans une émission d'Armand Jeammot le soir même, consacrée à la shoa.
Elle était retirée du coté de Kiev ou Tbilissi, ou j’ai également laissé de lointaines origines ukrainiennes, et tchèques, au niveau de mes aïeules. Ma grand-mère était très allemande.
Denise Robin, qui s'était présenté à la mairie d'Arnouville avec Christian Cauro, sous l'étiquette socialiste, m'avait reçu une fois, car je cherchais du travail. Elle a passé deux ou trois ans aussi à Auschwitz-Birkenau étant très jeune. Elle est morte il y a quelque bonnes années déjà.
Cette conception, celle des plasticiens russes, était davantage celle de la compétition que celle de l’art, et nous en avons très franchement largement hérité aujourd’hui, par exemple dans les dessins animés et la bande dessinée. Surtout dans les dessins animés avec l’émergence de l’infographie. Les industries se livrent une lutte sans merci.
Le dessin industriel, celui du bâtiment et des industries, qui correspond à la voie professionnelle que j’ai suivi, est également le monde de la vitesse et de la rentabilité comme seule norme économique, et bien trop souvent on en oublie tout le reste, à savoir la créativité et l’imagination, la fantaisie nécessaire à l’entreprise de tout grand projet.
Je suis projeteur climatisation et plomberie également, assez axé méthodes bâtiment.
J’ai quand même une vingtaine d’années d’expérience en clim aujourd’hui. J'ai bifurqué depuis une quinzaine d'années dans le secteur ferroviaire.
La compétition entre les artistes a d’abord été un moyen de compromis, de cassure avec la civilisation occidentale décadente, mais cette même civilisation a tôt fait de reprendre le concept de concurrence à son compte. On prend des idées là ou il y en a.
Longtemps puisque l’humanisme a été l’autre courant de la renaissance, il a servi de frontière définie avec les grands courants picturaux de la renaissance elle-même. Franchir cette ligne de démarcation, c’était se glisser dans le camp des intellectuels subversifs ou mécontents quelque puisse être leur culte, leur confession, ou leur camp artistique.
Déjà si à l’époque le seul but de beaucoup d’anciens déportés et d’anciennes déportées était de témoigner, le monde moderne ne manquait pas de faire émerger de nouveaux puissants médias. Ceux-ci, on pouvait déjà le présager il y a une vingtaine d’années ont pris de plus en plus de pouvoir depuis le satellite avec les moyens modernes et polluants de communication. On a choisi de dépecer l’espace lointain, comme seul compromis pour l’humanité. Nous sommes loin de la propreté et de la netteté copernicienne.
Ex membre du Parti des Travailleurs, issu de la 4ème internationale, je pense qu’il faut à la fois de la pondération et du recul face au pouvoir des médias dans nos sociétés contemporaines.
Je renvoie ici le lecteur à deux ouvrages qui me semblent les plus significatifs au plan français en ce qui concerne la 4ème internationale : Itinéraires, de Daniel Gluckstein, le secrétaire général du P.T., et Pierre Lambert ( aux éditions du Rocher ), et Lutte des classes et mondialisation, de Daniel Gluckstein ( aux éditions Selio ); Raphaël Gluscksmann s'est lui présenté aux dernières élections européenne sous l'étiquette socialiste il me semble. Je pense qu’à la différence d’un Jean-Pierre Bret, d’une Y. Taborin ( je ne sais plus si c’est Yvonne ou Yvette, je crois que c’est Yvette ) ou d’autres grands intellectuels communistes, le classicisme de la 4ème internationale est sans doute encore plus net.
J’avais fait un exposé oral pour Monique Olive et Y. Taborin sur Terra Amata, et la grotte du Lazaret en 1983 à Paris 1. En 2006, lors d’une mission d’intérim à Nice, j’ai eu l’occasion de voir le spectacle aquatique unique de Villeneuve-Loubet, Marineland, et de voir aussi le musée de terra Amata à Nice. Il y consacrait également une autre exposition sur le site de Dmanissi, en géorgie, sur des homos erectus, venant d’homo ergaster, baptisés homos georgicus, et vieux de 1 800 000 ans.
En fait, le plus grand parc aquatique d’Europe se trouve non loin de Benidorm et de Valence.
L’art est différent de la communication, il est le support d’un début de communication, le préalable à une question plus ensuivie. Sa transformation peut parfois ressembler à une forme de prostitution. Je parle ici de son adaptation massive pour telle ou telle catégorie d’âge et de public ponctuel, du fait que les temps modernes l’ont rendu malléable et corvéable à merci.
A vrai dire, pour ne prendre que notre exemple à nous, qui sommes des enfants d’apatrides et d’immigrés, aux origines européennes diverses, Toro est un peu la Jérusalem espagnole, et la ville natale de mon père, en Vieille Castille, aujourd’hui Castille et Léon. Il en a fallut du chemin depuis Alonso Berruguete, depuis Churriguera, Diez Azevedo, Aléman, Grégorio Fernandez, Fernando Gallego,Valdévi, Lorenzo de Avila et tant d’autres jusqu’à mon père, Manuel Diez Matilla. Le christianisme reste une composition abstraite, ou la bourgeoisie se confond avec le peuple, ou les classes sont rompues à tous les exercices, ou leurs limites s’estompent au fil du temps. Et puis Toro a aussi été la capitale des lois en Espagne pendant plus de 8 siècles, la ville a les plus anciennes arènes d’Espagne, une soixantaine d’églises et de couvents, de lieux religieux prestigieux, et de toutes tendances. Toro est aussi le site de la bataille de Péléagonzalo. Mes ancêtres sont de Pellas et Valdefuza. Toro est aussi une capitale royale pour les souverains espagnols et portugais.
Le vrai christianisme n’est pas l’exercice de l’exclusion, mais celui de la fusion vers un seul et même but suprême et intangible. On pourrait leur ajouter Juan de Juni, Salcillo, l’école du Levant et tant d’autres encore.
Un grand coloriste comme Manuel Diez est aussi né du rejet de ses prédécesseurs, du rejet des classes bourgeoises dominantes. Du refus.
Les grands artistes ont souvent tendance à se replier sur eux mêmes, à refuser et refouler le passé peu après l’avoir admiré, à aller de l’avant. L’art chrétien ou religieux est fait d’ajouts, de compléments, d’anticipation et de synthèse. Souvent les artistes à la fin de leur vie glissent vers une certaine apostasie ou certains doutes.
Mais l’histoire ne retient d’eux qu’une partie de leur œuvre, pas toute leur œuvre à travers le monde, pas tout leur engagement.
Un artiste ne fait pas que témoigner de son époque, il lui apporte aussi quelque chose en plus, souvent quelque chose qu’elle n’aurait pas vu sans lui. Il met en relief certaines choses, certains évènements parfois historiques, met l’accent sur certaines fêtes, trouve des symboles, par exemple les symboles de la pâque. Mon père a fait des centaines de peintures à l’huile dans sa vie. Il a su dans son métier utiliser les qualités de la laque d’une manière optimale, et faire avec elle des choses qu’il n’aurait pas pu faire à l’huile et réciproquement.
Sa sœur, Angelita, et une bonne partie de ma famille, a notamment longtemps travaillé et travaillait encore récemment jusqu’à sa mort pour la baronne Goury du Roslan, qui avait un lien de parenté lointain avec Joseph, le frère de Napoléon. Son travail de laqueur décorateur, mon père l’a exercé de Biarritz à Deauville, en passant par Tours.
Il me semble qu'il a fait une table ou deux pour la baronne, peut-être un paravent.
La baronne, ou son neveu, se sont vus dédicacer le livre de l’écrivain russe Pasdoc de Salkoff « Le cocher de la Troïka ». Pasdoc de Salkoff y parle de sa carrière de chansonnier et de la chanson française. Son majordome, un prince russe, n'était pas loin des lieux de l'assassinat de Raspoutine au tous débuts de la révolution bolchevique.
Cette baronne qui nous a quitté en avril 2005 était d’origine danoise et américaine, ses parents étaient l’un un ancien ambassadeur du Danemark à Paris, l’autre un banquier américain, enfin sa fille je crois.
Sa famille allemande avait émigré au Danemark. Elle descendait en effet des Moltke, du nom du maréchal allemand qui a participé à un attentat contre Hitler. Anne Frank parle de lui dans son journal, regrettant que ce nobliau allemand n’ait pas réussi dans son entreprise. En réalité Moltke est d’origine danoise, il s’était engagé dans l’armée allemande.
Le grand-père de mes cousins d’Allemagne, que nous surnommons Opa Linie, a également participé à un attentat contre Hitler, celui qui s’est soldé par des centaines d’exécutions et d’opposants décapités. La majeure partie de ma famille allemande a été sur les routes de l’exode après la déroute, la débâcle et l’avancée des troupes russes, et dans nombre de petits camps de transit, dont un pas loin du Stuthoff, près de Danzig, l’actuelle Gdansk, et aussi celui de Marianenfeld près de Berlin.
Horst, l’aîné des frères, est décédé de la typhoïde dans l’un de ces camps.
La baronne est donc morte, à 105 ans. Elle s’est éteinte, née avec le siècle et morte avec lui.
Pasdoc de Salkoff, dans son livre, traite de la chanson française. Il y cite notamment Charles Aznavour, qui a sa salle des fêtes à Arnouville-lès-Gonesse, et beaucoup d’autres, Trenet, Brel, Montand, Johnny Halliday. Pasdoc de Salkoff est un ancien aviateur russe, comme mon ami Jean Seigaud, le dernier aviateur français a avoir pris part à la bataille d’Angleterre, dont le père est l’un des principaux ingénieurs de la ligne Maginot. J’ai vaguement connu un aviateur breton qui a fait 15 ans de guerre avec De Lattre. Seigaud est un homme plus posé. Il finit tranquillement ses jours à l’hôpital de Gonesse.
Jeté de l’avion sur l’Algérie sans parachute, il n’a du sa survie qu’à son parachute de secours et à un arbre qui a amorti sa chute, mais en lui perçant la rate, il a fini dans un état très grave jusqu’à aujourd’hui. Son état de paralysie générale est stationnaire depuis.
Il est invalide à 90%, comme mon frère aîné est malade mental à 90%, schizoïde et schizophrène.
Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, mais il a de nombreux autres problèmes de santé.
Cela dit, mon frère aîné, même s’il est malade, a travaillé avec pratiquement tous les plus grands maîtres d’arts martiaux du monde. Il a pas mal voyagé, au Maroc, au sud de la chine, au Tibet, mais moins que ma mère. Mon autre frère, David, est mort tragiquement. La folie de mon frère aîné a en définitive pesé très lourd, même si ce n’est pas le seul paramètre qui ait précipité sa fin triste dont je ne pourrais jamais me remettre. C'est un véritable légume aujourd'hui, en soins intensifs pour diabète, cholestérol, érysipèles et j'en passe. Il est juste un peu moins schizoïde qu'il y a 20 ans. Mais il accumule les problèmes de santé, alors que ma mère devrait subir deux opérations. La femme d'un de mes cousins est elle atteinte d'un grave cancer généralisé..
Les carrières aujourd’hui n’offrent plus des perspectives géographiques aussi profondes pour les artisans, qui sont un peu les chansonniers de la peinture et les aventuriers de la deuxième moitié du XXème siècle.
D’abord parce qu’on a pris la sale habitude d’étouffer les artisans, tellement on les jalouse. Tout un paravent commercial a été mis en place, toute une devanture artificielle, un harcèlement publicitaire permanent. Sans compter le sabotage industriel, les agressions racistes, antisémites parfois contre les commerçants et leurs magasins, le racket, les délits de toute sorte. La profession n’est pas épargnée, l’ensemble de la chaîne non plus.
Ensuite, tout à été fait pour jeter de l’huile sur le feu et attiser la haine contre les artisans et « la vieille Europe », l’ordre ancien en quelque sorte, les autres se déclarant automatiquement comme d’excellents modernes, ce qui est loin d’être le cas. En fait, le vrai modernisme, la vraie innovation artistique est par essence de nature classique.
Il n’y a pas de nouveauté sans preuve tangible.
Les « anciens » comme on les appelle ont découvert Kurt Masur avant que les hommes d’affaires et la finance ne lui tombent dessus et Campanella bien avant les autres, et les Toñas d’El Pele et les Jaléos de Chano Lobato bien avant les autres encore. Sans compter Manuel Torres, Manuel Agujetas et tant d'autres.
Les plus grands ont commencé par séduire les anciens et réciproquement. C’est le meilleur label de la vraie différence. C’est vrai pour l’absurde traité par Carlos Montoya, pour Ramon Montoya, pour la logique traitée par José-Antonio Sabicas, pour Serra et son fils Serrita et ses zambras ou encore José El Toro, son ami chanteur.
Il y a toujours comme un examen de passage à passer. Serra a enregistré avec les plus grands, El Camaron de la Isla, Paco de Lucia, Escudéro et tant d’autres.
Mais à la différence des autres ceux que l’on appelle les anciens ont travaillé avec eux et pour eux, sans compter ce qu’ils ont légué à leurs enfants. Les grandes innovations sont très souvent classiques. Il est rare que le monde moderne ne plagie pas.
Ce que j’aime par exemple chez Chopin, même s’il était alcoolique, c’est qu’il ne se situait pas à l’intérieur des grands empires de son époque. Ni à l’intérieur de l’empire britannique, ni de celui du Saint-Empire Romain Germanique, ou les chevaliers teutoniques exterminèrent les prussiens pour les convertir au catholicisme, ni à l’intérieur de celui de Charles-Quint, Chopin était un grand esprit lyrique, un des premiers à apparaître en marge du système, à bouleverser les normes.
La finesse, la fluidité de son jeu, donnent à ses mélodies un lyrisme aux aboutissants surprenants. Chopin était copernicien dans l’âme. Il savait surprendre agréablement et subitement comme Dvorak ou Schumann.
Bien souvent, tout au long de sa carrière, mon père surprenait des artisans asiatiques et autres dessinateurs devant les vitrines en train de plagier les décors de ses tables ou de ses meubles, dont certaines ou certains ont fini à l'Elysée ou dans des palais nationaux..
Les vraies idées, on va les chercher avant tout là ou est la qualité. La force est un moteur qui ne se présente pas seul, que l’on finit toujours par copier puis par saboter.
Christian Diez Axnick.
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